Taser or not Taser

Publié le 6 octobre 2008 par Aulnay Autrement

Il s'agit bien de la question qui taraude les polices municipales de France et de Navarre depuis le 22 septembre 2008.

Le décret n° 2008-993 du 22 septembre 2008 autorise en effet les polices municipales a être équipées de pistolets à impulsion électrique. Ces pistolets sont plus connus sous le nom de Taser, appelation éponyme de la société qui les fabriquent.

Principe de l'arme :
L’arme à impulsion Taser à décharges électroniques est une arme d’une portée maximale de 10,70 mètres (portée variable selon la cartouche utilisée) qui propulse 2 dards reliés au pistolet par 2 minuscules filins (à la vitesse de 50 mètres par seconde). Au contact de sa cible, le pistolet Taser libère une onde de 2 milli-ampères pour 50 000 volts. Cette onde agit sur la commande neuromusculaire et provoque une forte contraction des muscles moteurs. La personne touchée chute mais est censée garder ses facultés mentales et auditives, permettant de comprendre les injonctions du tireur.

Controverse
Ces armes sont contreversées quant aux conséquences sur les victimes de ces armes. D'un côté, le comité de l'ONU contre la torture avait estimé en 2007 que l'utilisation du Taser constitue "une forme de torture" et "peut même provoquer la mort".
Amnesty International estime qu'entre 2001 et 2007, au moins 260 personnes seraient mortes suite à l'utilisation d'un pistolet à impulsion électrique aux États-Unis et au Canada.

De l'autre, la société Taser assure avoir testé l'arme sur 100.000 volontaires sains et avoir enregistré aucun décès. A noter que cette étude ne porte que sur des volontaires en bonne santé physique. Sur son site, on peut aussi consulter une étude (indépendante ?) du Samu prouvant l'inocuité de l'usage de cette arme sur les victimes.

Utilisation en France
Classées en armes de 4e catégorie, ces armes équipent déjà la Police Nationale. La Gendarmerie Nationale vient de se doter d'une version du Taser X26 équipée d'une caméra (TaserCam) qui se déclenche dès que l'arme est activée.
Initialement prévue sur quatre jours, la formation dure désormais deux jours. Il n'y a pas de données publiques sur une éventuelle formation continue.

Adoption dans les polices municipales de Seine St Denis
Éric Raoult, surnommé pour l'occasion « monsieur 50.000 volts », a officiellement déclaré qu'il en doterait la police municipale du Raincy. D'après le site des Verts du Raincy, Éric Raoult avait déjà équipé sa police de Taser X26 sans pouvoir les utiliser, donc avant que l'utilisation par les polices municipales soit autorisée.

Utilisation à Aulnay-Sous-Bois
On sait que la société Taser était présente aux 3e journées nationale de la sécurité urbaine organisée par Gérard Gaudron les 10 et 11 octobre 2006 dans le gymnase Pierre Scohy. Nous ignorons les produits alors présentés par la société Taser.

Voir plaquette des rencontres : http://www.amif.asso.fr/IMG/pdf/SECURITE_INT_MODIF.pdf

Dès la promulgation de l'arrêté, nous avons remarqué que le débat agitait le personnel communal concerné comme en témoigne le blog internet du syndicat Force Ouvrière des communaux d'Aulnay-sous-Bois.
http://foaulnay.canalblog.com/archives/police_municipale/index.html

Interrogé sur l'éventuel équipement en Taser, de la police municipale, Joël Guillemain, le conseiller en charge de la sécurité a indiqué qu'il ne le souhaitait pas.

Développements futurs
La société Taser envisage avec sérennité le développement des ventes de cette arme et l'élargissement de son utilisation aux sociétés privées de gardiennage, aux compagnies aériennes, aux garde-chasses, aux personnels des transports publics et pourquoi pas aux particuliers.

D'autres projets de sécurité dérivés sont également à l'études. Pour cela, il faut consulter des pages en langue anglaise. On y voit un système de neutralisation automatique contre les infractions et aussi un projet composé d'un robot autonome et d'un bras muni d'un taser.