Pourquoi le désamiantage n'est pas un sujet de polémique politique

Publié le par Stéphane Legrand

L'épineux dossier de l'usine de broyage d'amiante CMMP revient sur le devant de la scène, même si pour les victimes, leurs familles, les riverains et de nombreux militants associatifs et politiques, le sujet est toujouirs resté au coeur de leurs préoccupations.

Un jour, un militant environnemental m'a dit que ce problème ne devait absolument pas être un sujet politique. Car tout bien considéré, cette usine n'est pas seulement  un déchet d'une société privée appartenant à une famille clairement identifiée. C'est aussi un héritage de notre société et de notre histoire. Une société qui au nom du développement industriel a autorisé qu'on broie dans cette usine non seulement de l'amiante mais aussi des hommes (travailleurs, riverains, enseignants et élèves de l'école du Bourg).
Toute notre société à tous les niveaux a fermé les yeux sur la dangerosité de cette fibre. Pline l'ancien parlait  déjà de ses dangers mais dès le début du XXe siècle ses dangers sont clairement et scientifiquement reconnus.
Aujourd'hui, on estime que 125 millions de personnes dans le monde ont été en contact avec l'amiante et que 90.000 personnes en meurrent chaque année. D'ailleurs, cette mortalité elle-même est difficile à cerner dans ses conséquences et dans le temps.

Les principales pathologies liées à l'amiante sont :

- les cancers broncho-pulmonaires (les plus courants) qui est la plus grande cause de mortalité à l'amiante. Le temps de latence entre la première exposition et le développement de la maladie dépasse en général 20 ans. Il est très difficile de les distinguer des cancers broncho-pulmonaires liés à d'autres origines.

- l'abestose qui est une fibrose interstitielle pulmonaire qui entraine une insuffisance respiratoire chronique.

- Le mésothéliome ou cancer de la plèvre qui est une maladie spécifique de l'amiante. Cette maladie peut apparaître entre 20 et 50 ans près l'exposition aux fibres. Une fois détectée, la durée de survie dépasse rarement 1 an.

A Aulnay, qui est concerné par l'exposition à l'amiante ?
Comme le précise l'alerte sanitaire du ministère de la Santé en date du 19 octobre 2007, la population concernée est celle des employés de l'usine mais aussi des riverains de l'usine lors de son exploitation entre 1938 et 1978.
Cependant, la lecture du rapport de l'INVS (Institut national de veille sanitaire) montre que la notion de riverains est plutôt souple. Les modélisation de dissémination des poussières liées à l'activité de broyage d'aminate montrent qu'une très large proportion de la commune (à priori au moins 70 % du territoire et 90 % de la population de la ville) a été exposée. Aujoud'hui, le nombre de victimes sur Aulnay-sous-Bois est d'envrion 85 personnes. On ignore le nombre de victimes et de morts non comptabilisés, ni les chiffres des victimes dans 10, 20 ou 30 ans.

De la prise de conscience à l'échec de la politique de l'environnement
Nous ne reviendrons par sur l'historique de la longue et difficile prise de conscience du problème résumé sur le site de Ban Asbestos.
Il reste le manque de considération et l'inertie de l'État et des différents ministères et services concernés (préfecture, ministère de l'environnement, ministère de la santé) qui mettent à mal les espoirs suscités par le "Grenelle de l'Environnement" et foulent du pied le principe pollueur-payeur.

L'urgence : une dépollution sûre et totale
Face aux tergiversations de l'État et aux lenteurs de la justice, l'urgence reste présente. Comme l'illustrent bien les images d'Hervé Suaudeau sur son site Monaulnay.com, l'usine est menacée par la ruine. L'exposition à tous vents des milliards de fibres contenues dans l'usine serait une nouvelle catastrophe sanitaire pour notre ville.
Le projet proposé par le maire d'Aulnay-sous-Bois Gérard Ségura est certes coûteux et présente encore des inconnues qui devraient être levées lors de la reprise en main du site. Cependant, il a le mérite de mettre fin sous de très brefs délais à un des plus gros scandales environnemental de France.
Il convient qu'il soit conduit sérieusement et soit suivi par les élus de tous bords et bien sûr  par ces acteurs essentiels que sont les associations de riverains et de défense de l'environnement.
Enfin, pour toutes ces graves raisons, il ne faut pas que le projet puis le chantier soit miné par une inutile polémique politique.

Le sens des responsabilités et de l'urgence doit l'emporter.

Publié dans environnement

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