L'homophobie des cités

Publié le par Aulnay Autrement

La sortie du livre "un homo dans la cité" est l'occasion d'aborder le drame de l'homophobie dans les cités.
Brahim Naït-Balk a 45 ans. Il est d’origine marocaine. Après avoir vécu à Saint-Etienne et à Montceau les Mines, sa famille s’installe dans les années 80 en Seine-Saint-Denis, à Aulnay sous Bois, dans la cité des 3000.
Et comme souvent, pour nouer des liens, les jeunes de la cité jouent au football. Brahim, qui a 22 ans à l’époque, n’y échappe pas. Mais son attitude éveille rapidement les soupçons, et les premières remarques ne se font guère attendre.

Ensuite viendront les injures, comme "Brahim la dalpé" (pédale en verlan), puis les gestes déplacés. Jusqu’au jour où une bande de jeunes obligera Brahim à descendre dans la cave de son immeuble.
Brahim, qui est aujourd’hui entraîneur du Paris Football Gay, n’est jamais retourné à Aulnay sous bois. A chaque fois qu’il prend l’autoroute A1 et qu’il voit le nom d’Aulnay sur une pancarte, cela réveille chez lui un sentiment de peur.


Aujourd’hui, plusieurs années après, les choses n’ont pas changé : à en croire ceux qui travaillent dans les cités, il y aurait même une régression.
Farida travaille comme éducatrice de rue en banlieue parisienne. Elle est elle-même homosexuelle mais n’en parle pas de peur que les gens lui tournent le dos sur le terrain. Elle constate un phénomène de repli identitaire des jeunes des quartiers. Pour Farida, il n’y a pas d’alternative : soit on nie son homosexualité, soit on doit quitter la cité et développer une double vie.

C’est ce qu’a fait Karim. Il a 20 ans, ses parents sont d’origine kabyle. Il se partage entre Paris, où il s’habille avec des tee shirts et des jeans moulants et sort dans les boites gay, et Trappes où sa famille est installée.
Il reconnaît avoir du adopter pendant très longtemps un comportement presque schizophrène pour cacher sa différence. Exemple : draguer des filles, pour faire bonne mesure auprès de ses copains de la cité.

Il y a quelques semaines Karim a décidé de briser la loi du silence. Il a fait son "coming out", c’est-à-dire qu’il a avoué à son entourage son homosexualité. Son père lui a envoyé un texto dans lequel il lui disait : "tu n’es plus mon fils"
Malgré cela , Karim est soulagé de ne plus avoir à mentir. Il appréhende bien sûr de retourner à Trappes et de devoir affronter le regard de ses copains, "mais j’irai", dit-il avec détermination.

Source : France Info

A lire, le témoignage de Brahim : Un homo dans la cité, de Brahim Naït-Balk (éditions Calmann-Levy)

Publié dans société

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